viernes, 29 de abril de 2011

"La Tête de Cristal" de Pierre-Guilhem Lapeze (Prohibition et Pénalisation)




Extrait : Prohibition et Pénalisation

En  fait le problème de la prohibition et de la pénalisation des drogues dites "dures" c’est qu’elle est très  gravement criminogène et permet  au processus d’intoxication  de  la population de camés de croître de manière exponentielle, tout simplement en permettant aux trafiquants de faire revendre leurs "produits" par les vieux toxicomanes qui trouvent là une manière très aléatoire mais facile et relativement lucrative d’avoir leur dose tous les jours.

          Car elle mène très rapidement dans les prisons et parfois pour longtemps, la prison étant l'école  du crime. Comme chacun le sait les vieux donnent facilement des plans à des jeunes avides de faire leurs preuves, je ne pense pas que cela soit  ne serait-ce que le début d’une solution.
         Actuellement, le système frise l’absurde : au lieu d’encadrer et de dépénaliser la consommation de drogue, il l’aggrave avec les drogues licites telle la méthadone, la morphine des SS que les chimistes du Reich avaient mis au point à la demande de leur Führer quand ils en manquaient  alors que  les Anglais leur avaient coupé la route de l’opium. Car on devait quand même donner quelque chose à la Wehrmacht pour soulager les blessés, à l’époque de Stalingrad. Je parle des soldats ordinaires, pas des Waffens SS, Tötenkopf qui eurent toujours droit à la morphine pour les blessures de guerre.
         La méthadone fit partie du trésor de guerre américain et un universitaire fit une thèse sur le sujet ; il s’aperçut tout à fait par hasard, d’abord que c’était un piètre analgésique et que si on administrait des doses massives de ce produit à des héroïnomanes, ceux-ci ne sentaient presque plus l’effet de leur drogue habituelle. Un miracle ne venant jamais seul il s’aperçut aussi que ce produit mettait vingt-quatre heures pour être évacué par l’organisme et donc un jour/une dose, ce qui en pharmacie est un très mauvais signe cliniquement parlant.
         Il en déduisit donc que si ce produit, administré à doses massives, arrivait à priver les  héroïnomanes du plaisir qu’ils éprouvaient à en consommer sans s’occuper des effets secondaires dudit produit, c’est donc que ce devait être le médicament miracle...  Brève et sommaire étude qui aurait dû faire l’objet d’une vérification sérieuse, comme tout médicament avant sa mise sur le marché.
  
         Et quand les Américains se retrouvèrent après la guerre du Vietnam avec des centaines de milliers de G.I  héroïnomanes, au lieu de faire comme les Français qui ouvrirent des fumeries d’opium restées ouvertes jusqu’en mille neuf cent soixante trois pour les anciens d’Indochine  ... Honnêtement, voyez-vous le Maréchal Salan avaler son gobelet de méthadone, bras-dessus bras-dessous avec André Malraux ; tant que nous y sommes, pourquoi pas ? Personne ne l’eut  admis, ni même imaginé... On respectait encore ceux qui avaient versé leur sang pour la France.
         Mais les Américains, qui ont une morale très différente de la nôtre, mirent en place des camps où l’on gava les pauvres G.I de méthadone, les transformant ainsi en moutons dociles et complètement abrutis.                       
         Quand les Français se mirent eux aussi à avoir des problèmes avec leurs toxicomanes, au lieu de se souvenir de la manière dont ils avaient su se garder autrefois de la contagion et du prosélytisme, ils prirent bien sûr exemple sur ce qui se faisait Outre-Atlantique.
         Mais le problème était aux yeux des politiques bien différent; il ne s’agissait plus d’hommes ayant versé leur sang pour la France, mais de personnes méprisables et méprisées, « des toxicomanes », piètre engeance que l’on se mit, non sans avoir longtemps hésité, à bourrer de méthadone, sans avoir vraiment réfléchi aux conséquences, substance qui transforme ceux qui en prennent en zombies licites qui ne pourront jamais l’arrêter sauf à en revenir à l’héroïne.
         La seule solution logique et intelligente consisterait à faire comme nos voisins suisses, anglais et hollandais qui, après avoir vu l’échec de leurs programmes de substitution, se sont rendus à l’évidence et ont décidé de légaliser sous un contrôle draconien, l’usage de l’héroïne : à Zurich aujourd'hui il existe des machines genre distributeur de billets où l’héroïnomane introduit une carte magnétique, compose un code qu’il doit apprendre par cœur et miraculeusement tombe sa dose pour la journée. Le cœur de la machine  est inviolable, coulé dans dix m3 de béton.
         Demain, nous continuerons ce développement.
Quant à la marijuana, pour employer des termes d’un autre âge. Cela fait bientôt 40 ans que j’en fume régulièrement et je n’ai jamais ressenti la moindre sensation de manque ou quoique ce soit de pervers ou négatif. Le vrai problème en Occident c’est l’alcool et le tabac... Combien de morts y a-t-il eu par overdose de cannabis ces vingt dernières années ? Je pose juste la question, histoire de voir s’il y a des réponses.
         La réponse est "aucune" ce qui est loin d’être le cas de l’alcool (dans mon langage ça veut dire à l’air cool et ne l’est pas du tout...) L’alcool et le tabac combien de dizaines de milliers de personne tuent-ils par an, combien de milliards rapportent-ils, je l’ignore, mais ce que je sais, c’est que les multinationales qui les produisent en font vivre des centaines  de milliers  (de personnes.)
         Je n’arrive pas à croire que légalisation ou prohibition ne se résument en fait qu’à une équation dont j’ignore les facteurs, à savoir un rapport mystérieux entre le nombre de fumeurs et de buveurs que ces produits tuent, l’argent que cela rapporte, celui qu’il en coûte pour soigner cirrhoses, cancers du poumon, etc., et le nombre de personnes qui en vivent... En fait j’ose croire que cela est dû à une désinformation systématique des autorités responsables... 
         Tout cela n'est pas innocent et n'est à mon avis qu'une histoire de gros sous... En effet pourquoi l'alcool est-il licite alors que le cannabis ne l'est pas ? Ne cherchez pas d'explication dans la possible toxicité de l'un et dans la certaine de l'autre : une étude très sérieuse de l'OMS a démontré que l'alcool était bien plus toxique que le cannabis et malgré tout rien n'a changé; ce qui est licite le reste et ce qui ne l'est pas aussi, comme ça tout le monde est content, surtout les fabricants d'alcool qui se mettent à vendre des sodas alcoolisés pour se fidéliser une clientèle de plus en plus jeune.
         En dépénalisant le cannabis, d’abord on couperait court à la fascination qu’a sur nos gamins la transgression d’un interdit... Ne me faites pas dire que je prétends que le cannabis est inoffensif, loin de moi cette idée qui est un mensonge, mais de toutes les substances qui agissent sur notre perception du monde, c’est certainement la moins dangereuse me semble-t-il et croyez- moi j’en connais un rayon... Et que les sirènes de l’escalade obligatoire vers les drogues dures se taisent un peu et réfléchissent deux secondes :
       En Hollande une étude très sérieuse à été faite et elle conclut que l’autorisation de la consommation de cannabis aurait plutôt mis un frein à la consommation de drogues dures, et en aucun cas ne l’aurait aggravé, et ce durablement. Ce n’est que la confusion de ce terme «drogue» qui diabolise le cannabis, qui en plus  n’attire pas du tout le même type de consommateurs... Eh oui, il s’agit bien de consommation car s’il n’y avait pas de demande il n’y aurait pas d’offre.
         Et puis, il faut arrêter avec l’hypocrisie, c’est un fait, à peu près vingt pour cent de nos gosses (je ne mens que par omission en fait c’est beaucoup plus ) fument du hasch, et du mauvais, au lieu de fumer de la bonne herbe, pour la culture de laquelle notre climat méditerranéen est idéal, et ça pourrait créer pleins d’emplois au lieu de donner des milliards à Mohamed V.
         Tous les jours en prenant le métro je vois plein de jeunes se rouler des pétards ; on ne va quand même pas tous les mettre en cabane ! Ne serait-il pas plus simple de tenir compte de ce qui est un phénomène de société, pas la peine d’en faire un drame... Bien sûr je ne dis pas que c’est la liqueur de jouvence, et qu’il est sûr qu’en abuser est très mauvais et peut dans certains cas aggraver des névroses latentes et préexistantes.
         Mais est-ce vraiment plus grave que de consommer de l’héroïne ou de la cocaïne ? Parmi tous les produits qui agissent sur le système nerveux central, c’est certainement le moins mauvais de tous, et Dieu sait qu’il y en a, a commencer par les tranquillisants et autres neuroleptiques que prescrivent chaque jour de braves généralistes ! 
         Ah !, ils sont beaux les toxicos du XXIème siècle avec les cachetons qu’ils avalent à grand renfort de cannettes de bière et, et j’allais oublier le plus beau, le chien fidèle ami de tous les paumés avec son trop joli foulard rouge noué autour du cou... Je suis un peu vache, mais je suis persuadé qu’il est là, le plus beau résultat de la prohibition sélective ! ... Allez faire un tour dans les rues les plus mal famées de la belle Amsterdam, vous n’en verrez aucun, comme c’est étrange…  (Je veux parler des chiens à foulard rouge). Et quand j’entends des propos qui me laissent croire que je suis en quelque sorte leur grand-père, j’avoue je suis mort de honte, et même pire que ça.              
         Ne serait-il pas plus simple d’ouvrir des « coffee shops », endroits où l’on a le droit de fumer du cannabis ? Déjà cela aurait pour effet immédiat d’empêcher les jeunes de fumer en dehors de ces lieux et éviterait  aux autres l’étalage de fumeurs en train de se passer des joints... La consommation serait comme l’on dit « contenue à ces seuls endroits » et les jeunes dit sains (vos enfants ) seraient protégés de ce spectacle, et rien que cela est énorme.
         Allez faire un tour à Amsterdam, jamais vous ne verrez quelqu’un fumer dans la rue car la police informe les consommateurs qu’il y a des endroits pour ça, ni de jeunes traîner avec l’inévitable chien au foulard rouge et ce qui va avec, socialement s’entend... En effet pourquoi se casser la tête avec de la mauvaise bière et des cachets quand on sait qu’il existe des lieux où il est autorisé de fumer de la très bonne herbe... Mes propos peuvent paraître crus mais je les crois vrais.
         Antonin Artaud l’avait très bien compris dans sa lettre au législateur qui date de 1933 où il dit,  je cite de mémoire:
         "Monsieur le législateur,
En interdisant les drogues traditionnelles dont les effets, pervers ou pas, ont le mérite d’être connus depuis des millénaires, vous ouvrez la porte aux drogues de synthèse dont on ignore tout et qui s’avèreront certainement plus toxiques que les précédentes et en plus vous ferez la fortune de criminels qui ne manqueront pas de s’emparer de ce nouveau marché ».
         Pour être visionnaire mon très cher Antonin, tu l’étais ô combien ! Ton intelligence était fabuleuse et tu m’as vraiment aidé dans ma construction interne, je te garde au chaud dans mon cœur.
          Bon, je vais reprendre le fil de mon histoire et cesser ces propos législatifs qui m’agacent au plus haut point, mais il fallait bien que je vous donne mon opinion sur un détail de l’histoire, comme dirait tel autre, et qui a gâché la plus grande partie de mon existence.
         Me voici un peu perdu dans mon discours,  je suis perturbé par des histoires d’avocat à payer, d’appel interjeté et de bracelet électronique en suspens. En fait ils veulent me mettre un GPS à la cheville  deux ans et demi après les faits, avec trois heures de sortie par jour et bouclé le week-end sans sortir... Vu que le matin je dors à cause de mon traitement médicamenteux c’est comme si j’étais bouclé dans ce « foyer social » de manière ininterrompue.
         Ce truc où je suis depuis bientôt trois ans est vraiment imbuvable. On m’a laissé sortir de prison grâce à la loi Kouchner et après un bref séjour chez mon amie d’où son curateur m’a fait expulser sous prétexte que je n’étais pas du tout fréquentable pour elle, et après avoir failli me retrouver à la rue j’ai atterri ici. Franchement l’endroit est encore moins fréquentable que je ne suis  sensé l’être.
        C’est un peu le palais du facteur cheval avec une touche de Zola.
          Je vais arrêter de vous parler de ce lieu car il n’y a rien d’intéressant à en dire si ce n’est que c’est une belle machine à fabriquer des assistés pour le reste de leur existence ; en plus vivre sans argent est une chose que j’ai très peu pratiqué au cours de mon existence mouvementée.

jueves, 28 de abril de 2011

¡Que ambiente en la Fonda Pepe!....Formentera

"La Tête de Cristal" de Pierre-Guilhem Lapeze (Mes amis de Marseille)


Extrait : Mes amis de Marseille
  
           Retour à l'aéroport où nous attrapons notre avion de justesse et après un vol sans histoires nous atterrissons dans la cité phocéenne. Nous passons la douane sans problèmes sauf que les gabelous le mettent presque à poil, ce qui est bien normal avec sa dégaine de clown perdu.
         Nous arrivons enfin sur la Canebière et nous prenons un petit hôtel minable. Je lui dis que je n'ai pas l'habitude de résider dans ce genre d'endroit mais il me dit que c'est plus cool. A mon avis c'est exactement le contraire mais bon...
         Il me dit :
         «  Je vais passer deux ou trois coups de téléphone et je reviens ».
         Au bout d'une heure il est de retour presque en larmes, avec un mec à l'allure repoussante qu'il me présente comme étant un grand dealer parisien, ce dont je n'ai rien à foutre. Je les laisse dans la chambre et  vais me balader sur la Canebière.
         Je me mets en route sur la plus célèbre avenue de Marseille histoire de passer le temps et soudain j'entends plusieurs voix hurler «avé l'acen» :
         «  Pierre, Pierre, que fais-tu ici à Marseille, sur le vieux port ? ».
          Je me retourne et vois un groupe d'amis de Formentera, Marc Raphaël et Esméralda, un couple de peintres avec des relents de Modigliani, elle se prostituait pour qu'il puisse peindre... une autre époque..., accompagnés d'une fille à l'air transparent, C... T., qu'ils me présentent comme étant la marraine de leur fille Isis Colombe, deux, trois ans.
         Ils me demandent :
         "Que fais-tu ici ?"
         Je leur explique en deux mots la galère dans laquelle je me trouve, ils rigolent :
         «  Bien sûr, pour les Parisiens il n'y a plus rien mais nous on est d'ici et toi tu n'es pas Parisien, tu es Formenterien et pour toi pas de problèmes, il y a ce que tu veux. Que veux-tu, en fait ? ».
         Je leur réponds :
         « Un kilo pour moi et un pour le copain de Virginie et puis il y en a un autre qui en cherche un, le Parisien. »
         « Comment fait-on ? ».
         Nous nous asseyons à la terrasse du Cintra pour discuter et convenons que je leur passe un coup de fil pour leur dire si ce sont deux ou trois kilos et ils me disent que le mien sera comme pour eux et qu'ils ne me prennent rien mais que pour les deux Parisiens ce sera un peu plus cher et un peu moins bon, tout cela avé l'acen, comme si nous parlions de pommes de terre.
         C... T. me prend à part et me dit :
         «  Sois à vingt heures précises à la station de taxis en face du Cintra et tu attends un taxi bleu. Il sera au courant de tout. N’aie pas peur pour l'argent, c'est ma famille il n'y a pas de problèmes ».
         À tout hasard elle règle sa montre sur la mienne, me dit « à demain » et me souffle un baiser...
         À l'heure dite je me rends à la station de taxi, un peu en avance comme à mon habitude et j'attends avec trente mille francs dans ma poche.
         Ah!  Mais je ne vous ai pas dit qu'entre temps j'étais rentré à l'hôtel pour dire aux deux affreux que moi je pouvais avoir de la came mais que eux pouvaient chercher jusqu'au fond du vieux port, quelqu'un avait fermé les robinets. Gérald ne discuta pas et me remit l'argent en me disant de faire gaffe à ne pas me faire rouler et le Parisien, au moment où je prenais la porte, se jeta sur moi pour me donner son cher argent.
         Je sors de l'hôtel, il est huit heures moins vingt-cinq à ma montre et je me mets en route pour être un peu en avance au rendez-vous. Soudain un taxi bleu vif arrive et se gare en tête de station ; d'un geste de la tête il me fait signe de monter et nous démarrons :
         «  Bonsoir Monsieur Pierre, vous êtes un ami de Madame C...  P......t, c'est elle qui m'envoie, vous êtes sous ma responsabilité, ne vous inquiétez pas, tout se passera bien »,  toujours avé l'acen.
          Je m'aperçois vite que ce gars est un chauffeur professionnel, un œil sur le rétroviseur et l'autre sur la pédale d'accélérateur. Sans cesse sur le qui vive, il me fait faire trois fois le tour du quartier et un aller retour sur la Canebière puis il rentre dans un quartier nommé Le Panier. Il se gare sur un petit terre-plein où des poubelles règnent en maîtres et nous attendons.
         Au bout d'une demi-heure une grosse moto arrive,  s'arrête au niveau de la portière du chauffeur et demande avec un accent à couper au couteau :
         « Combien a-t-il finalement ? ».
         Le chauffeur se retourne vers moi et me pose la question, je réponds :
         « Trente mille ».
          Il me dit :
         « Donnez-les-lui, ça ne craint rien, il sait de la part de qui vous venez et il a des instructions... ».
         Je lui tends l'argent qu'il ne compte même pas et démarre en disant : « Attendez-moi, une demi-heure maximum ».
         Une longue attente commence, le chauffeur me rassure :
         « T'inquiète pas jeune homme, il sait ce qui lui arriverait s'il faisait une entourloupe ».
         Et il allume la radio ; je lui demande si je peux allumer une cigarette, ce que je fais avec son accord. Il essaye de faire la conversation, mais je n'ai vraiment pas envie de faire la causette, je me mets à réfléchir. Comment ai-je fait pour me retrouver dans ce drôle de roman policier ?
        En vrai j'ai tout fait pour, mais la vie m'y a bien aidé, bien qu'on ait toujours le droit de dire non, mais je suis d'un naturel tellement curieux...